Nous sommes pour beaucoup presque connectés 24H sur 24H. Le numérique crée un nouveau terrain de jeu et avec lui de nouvelles règles. De nouvelles frontières comme avec les NFT (fichier numérique auquel est attaché un certificat d’authenticité numérique), ou le métavers sont atteintes régulièrement soulevant son lot de questions et de doutes. Récemment on a vu des musées mobiliser les N.F.T pour réaliser des campagnes de financement. Par exemple, le musée du Belvédère à Vienne (Österreichische Galerie Belvedere) a proposé en février 2022 des fragments numériques du baiser de Gustav Klimt vendus sous forme de NFT pour un total de 4,4 millions d’euros. Quelques mois plus tard, leur valeur s’est effondrée. Serait-ce donc un don ou investissement ? Une révolution ou juste un coup marketing supplémentaire ?

Les fondamentaux

Une des multiples fonctions que la technologie de la chaîne de blocs (blockchain, en anglais) propose – outre la création de monnaies virtuelles pair-à-pair (cryptomonnaies) ou l’immuabilité de l’information (sécurité informatique) – est désormais la possibilité de créer un « objet numérique » unique. Des sociétés avec les Non Fungible Token, soit un jeton non fongible, notamment, proposent déjà de reproduire la rareté dans l’environnement numérique.

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“Théoriquement, une des possibilités qu’offre désormais la chaîne de blocs ( Blockchain) serait de reproduire la « rareté de l’objet physique » que l’on a perdue de vue depuis l’invention du Web et la numérisation des contenus. Outre la possibilité qu’elle offre de « stocker de la valeur » ou de tenir un registre infalsifiable au sujet d’une entente ou d’une transaction, la chaîne de blocs permettrait aussi de garantir qu’une valeur ou une identité « X » ne se retrouve pas à deux endroits en même temps dans un environnement numérique connecté (comme le Web, par exemple).”

Selon Guillaume Déziel, dans son article Blockchain : reproduire la rareté dans l’environnement numérique :

Malgré tout, l’idée de reproduire la rareté d’un objet physique dans un environnement numérique n’est encore que bien théorique et son efficacité demeure toujours à démontrer. Jusqu’à preuve du contraire, la contrefaçon numérique est assez facile et très peu coûteuse à effectuer. Quiconque connaît la commande « Pomme+Shift+4 » (capture d’écran) sur un Mac peut créer « l’image d’une image » en un seul clic.Cela dit, il semblerait que des collecteurs (crawler en anglais), soit de petits logiciels qui explorent sans répit le Web, pourraient repérer sur le Web des objets numériques contrefaits. 

Un marché en plein expansion démontre t-il sa pertinence ? 

Déjà, plusieurs entreprises ont annoncé se servir de la chaîne de blocs pour raréfier les contenus numériques et en contrôler les usages commerciaux légaux. En voici quelques-unes :

Binded offre la possibilité de créer une empreinte numérique unique (fingerprint) liée à une image, de la distribuer et d’octroyer des licences d’utilisation pour l’œuvre. Ces empreintes sont publiées sur la chaîne de blocs et un collecteur moissonne le Web pour y dénicher l’existence de copies contrefaites.

Monegraph: ce studio new-yorkais vend des licences d’utilisation d’œuvres à des prix et des conditions variables. Des contrats intelligents (intelligent contracts) exécutent les paiements.

Verisart: cette entreprise permet de générer des certificats d’authenticité pour chaque œuvre formant une collection d’œuvres d’art numériques.

Scenarex: cette entreprise propose aux créateurs de contenu littéraire et aux éditeurs de livres la possibilité d’optimiser la gestion de leurs œuvres numériques et de détecter le piratage.

La technologie de la chaîne de blocs permet désormais la création d’un « objet numérique » unique et son exploitation fondée sur le contrôle de son usage. Dans les années à venir, il sera fort intéressant de surveiller le développement d’un tel principe dans le monde des contenus médiatiques.

Les NFT ou Non-Fongible Token

On arrête désormais plus d’en parler. Ils suscitent un intérêt croissant créant ainsi un marché dorénavant dynamique où interagissent investisseurs de différents secteurs tels que l’art, le sport et les jeux vidéo. 

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Qu’est-ce qu’un N.F.T ? 

Une petite définition pour commencer. Un NFT signifie en anglais, non fungible token, soit un jeton non fongible. Il s’agit d’un certificat numérique d’authenticité unique et non interchangeable, d’un actif lui aussi numérique. Par exemple, l’argent est fongible, on peut échanger des euros ou des cryptomonnaies, mais une œuvre d’art est non fongible, car unique.

On a pu récemment observer le phénomène du « cryptocollectionneur » avec les Cryptokitties, ce marché où les gens s’achètent de petits chats numériques uniques et se les échangent par la suite. On peut citer également le Bored Ape Yacht Club (une collection de NFT représentant des dessins à l’effigie de singes) où les N.F.T ont atteint des sommes exceptionnels ou encore la start-up française Sorare, mélange de collection de vignettes Panini, de “Football Manager” et de transactions boursières reposant sur la technologie NFT, dont la valorisation est estimé à plusieurs milliards de dollars. 

Les NFT font leur apparition sur le marché de l’art contemporain vers 2016-2017. Ils sont devenus un phénomène mondial après un collage numérique de l’artiste Beeple, en mars 2021, adjugé à 69,3 millions de dollars. Ce sont plus de 2,5 milliards de dollars de transactions ont été générés par les tokens non fongibles sur les premiers mois de l’année 2021. Et on enregistre la première explosion de la bulle des NFT au mois de mai 2021 (un volume de 176 millions de dollars de transactions).

Les deux types de NFT les plus rencontrés pour le moment sont les jeux vidéo et les “collectibles”. Les objets virtuels à collectionner sont notamment des cartes, des images ou des GIF. 

Pour investir dans les NFT, il faut avoir des cryptomonnaies, plus précisément l’Ethereum (ETH), sur son portefeuille numérique qui permettra également de stocker les NFT. Il existe principalement deux plateformes pour investir dans les NFT : OpenSea (qui capte 98% du marché) et Rarible.

La course aux œuvres d’art numériques est plus que jamais lancée. Tout le monde peut spéculer, collectionner des NFT pour espérer en tirer un max de profit à long terme. Néanmoins, ça reste un marché réservé aux investisseurs qui savent prendre des risques. Les questions en rapport à son futur restent persistantes. Les NFT constituent une aubaine pour la communauté créative et les investisseurs. Ils ont certainement encore du chemin. Bien des mystères entourent encore ces nouveaux actifs, rien que par le simple fait de savoir si cela est des actifs financiers ou des oeuvres d’art.

En savoir plus

un guide détaillé sur les NFT, qui fournit d’intéressantes perspectives sur le sujet. Cet article vous aidera à comprendre la tendance actuelle du marché et le potentiel de cette technologie. 

https://www.finmag.fr/blog/guide-des-nft/